Amazones…
On peut dire que l’Amazone prend son temps pour rejoindre l’océan !
Que la forêt se prête à la dés errance et Iquitos semble un bout du monde, serré dans la boucle d’un serpent miroir : fleuve d’ocre fabriquant d’innombrables îles…..
Iquitos « ville radeau » , « oasis inverse » elle s’est taillée sa place dans la folie des branches, elle s’est frayée un passage à coup de machette et elle s’active à consommer les richesses de son fleuve…
Eaux noires eaux marrons, innombrables immenses carrefours et ramifications comme autant de boyaux d’un ventre marécage !!!
Demande au fleuve où il trouve son eau, qui boit tout ça, et quelle bouche vomi le monstre serpent ?
Poussés au bord des berges, coupées net dans une terre chocolat, s’égrainent des villages aux fanions multicolores qui s’allument à six heures avec le groupe électrogène ; des maison échassières, portées sur piquets d’arbre, pilotis gris, poteaux aux chaussettes brunes remontées jusqu’aux genoux de la crue, des passerelles servent de perchoirs pour des familles de poules, qui viennent ici défroisser leurs éventails de plumes, en regardant les petites écolières en uniforme partir vers le savoir d’un monde bien loin, bien loin de leur clairière !
Des escaliers aux chiens dormants soulèvent les balcons ajourés des maisons de bois planche peint vert d’eau, bleu outre fleuve ou bien vieux rose… Accrochées quelques grappes enfantines dardent des yeux brillants, femmes assises aux robes tendues sur fesses ventres et poitrines de belle peau brune qui semble douce à toucher…
La forêt n’a jamais assez de place elle pousse pousse pousse les cabanes d’un peuple prêt à fuir sur ses petits canots à hélices et aussi quelques sentiers éphémères se lancent au travers des troncs poussés d’arbres fous qui retombent en lianes, viornes et racines hérissées d’épines… La forêt se porte comme un charme dans son vernis de membranes déperlantes déclinant le vert fluo le vert jaune le vert ceci ou cela, visqueuse épanouie elle annexe le territoire feuille après feuille armée tranquille elle tire vers le gros ciel son fleuve de sève…
La Selva soulève inexorablement sa canopée ou viennent percher des perroquets turquoises il y a la forêt et le fleuve, le reste se débat !
Cultures et médecines en Amazonie péruvienne, Franck Dautais, 21 mai au 4 juin 2016